Page 141 | Citations sur les hommes

Toute destinée, pour longue et compliquée qu'elle soit, comprend en réalité un seul moment: celui où l'homme sait à jamais qui il est.

Pour stupide que fût l'entendement d'un homme, il serait toujours supérieur à celui d'êtres irrationnels.

Être immortel est insignifiant; à part l'homme, il n'est rien qui ne le soit, puisque tout ignore la mort. Le divin, le terrible, l'incompréhensible, c'est de se savoir immortel.

Si les fenêtres de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaîtrait à l'homme, - ainsi qu'elle l'est - infinie.

À l'oiseau le nid ; à l'araignée la toile ; à l'homme l'amitié.

Nous avons longtemps souffert comme des bêtes. Il serait temps de souffrir comme des hommes.

Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur ; il n'y a que les petits hommes, qui redoutent les petits écrits.

Après le bonheur de commander aux hommes, le plus grand honneur, Monsieur, n'est-il pas de les juger ?

Nos jugements sur les moeurs se rapportent toujours aux femmes ; on n'estime pas assez les hommes pour tant exiger d'eux sur ce point délicat.

Un beau discours imprimé, composé par un homme de bien, auquel il n'a manqué qu'un peu d'esprit pour être un écrivain médiocre.

Il faut se résigner à n'avoir qu'une pensée d'homme, à mesurer l'univers avec ce millimètre.

Ni la loi ni l'espèce ne se soucient des individus. Mais ce sont les individus qui vont griller.

Car c'est exactement ainsi qu'apparaît la position destinale de l'homme : être face au monde, avec soi-même dans le dos.

Les choses extérieures sont, pour les sots, la moitié de la vie ; et pour cela, plus d'un homme de talent se trouve un sot malgré tout son esprit.

Une des plus fortes armes de l'homme est ce pouvoir terrible d'occuper de lui-même une femme dont l'imagination naturellement mobile s'effraie ou s'offense d'une poursuite.

Ce que je crois, c'est que les hommes sont fuyants comme du sable, comme de l'eau. Ménagez-leur une ouverture ; ils ne demandent qu'à s'échapper.

C'est l'amour la seule force qui peut stopper un homme dans sa chute, la seule qui soit assez puissante pour nier les lois de la gravité.

Les vraies révolutions sont lentes et elles ne sont jamais sanglantes. Le sang, c'est toujours pour payer la hâte de quelques hommes pressés de jouer leur petit rôle.

Oui, je me demande parfois si l'homme, tout bien pesé, n'a pas fait faire à la connaissance un énorme pas en arrière en renonçant à l'imagination et à la poésie comme moyens d'investigation scientifique...

Dieu a sans doute donné la venue lente de l'impuissance aux hommes pour leur apprendre à apprivoiser la mort...

L'illusion du plaisir et la peur de la mort sont les seules industries où l'on peut faire lâcher jusqu'à leur dernier sou aux hommes...

Je le sais qu'il n'y a pas de bon Dieu mais quand on est un homme, on fait semblant !

Dieu, en donnant le désir, aurait pu donner en même temps aux hommes un peu plus de discernement. Ce n'est pas tout à fait au point son invention !

Je crois qu'on ne peut rien trouver de plus consolant, quand on est devenu un homme, qu'un reflet de son enfance dans les yeux d'un ami d'enfance.

Je me demande ce que je possède vraiment. Je me demande ce qui subsistera de moi après ma mort. Notre vie est brève comme un incendie. Flammes que le passant oublie, cendres que le vent disperse : un homme a vécu.

Dieu ne demande rien d'extraordinaire aux hommes. Seulement d'avoir confiance en cette petite part d'eux-mêmes, qui est Lui. Seulement de prendre un peu de hauteur. Après Il se charge du reste.

Il y a tant de façons de se taire en écoutant parler l'homme qu'on aime.

C'est laid, c'est obscène, les regards des hommes ! Cela se pose sur vous comme des chenilles, comme des limaces, cela se glisse partout.

Chacun de nous a un jour, plus ou moins triste, plus ou moins lointain, où il doit accepter d'être un homme.

Regarde-moi, c'est cela devenir un homme, voir le visage de son père en face, un jour.

Les rois sont de pauvres bougres qui n'ont le loisir d'être honnête homme qu'une fois sur deux.

C'est beau un jardin qui ne pense pas encore aux hommes.

Si la société est devenue meilleure, ce n'est pas que les hommes s'aiment davantage, c'est qu'elle s'est dotée d'organisations plus justes.

Remarquez qu'il y a bien moins de différence entre un homme courageux dans une rencontre, et le même, poltron en une autre, qu'entre deux héros ou deux poltrons.

Et il faut remarquer qu'une grandeur redoutable de l'homme est en ceci qu'il peut se résigner, et même trouver une sorte de consolation à prédire son propre malheur.

Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait du bois au feu, au lieu de pleurnicher sur des cendres !

Les qualités de l'esprit et du coeur se trouvent rarement réunies chez l'homme. Plus souvent chez la femme, naturellement plus riche.

L'individu n'est que la moitié d'un homme.

Autant que je sais, nul n'est bon juge, ni pour les romans, ni pour la peinture, ni pour aucun genre d'oeuvres. Mais, pris ensemble, les hommes sont de bons juges.

Chacun est destiné, un jour, à un instant quelconque qui sera l'instant décisif, à ne plus trouver d'issue, la construction de l'homme est faite ainsi.